La Polynésie Mystique ( environ -5000 — -4400 )
Culte de Atua'Mai ( env -5000 — -4700 )
Première représentation d'Atua Mai, musée du Congrès
En 1857, l'archéologue Robinson Maluk fait une découverte majeure sur l'île de Nuku Hiva. Dans une cavité cachée par une pierre d'apparence naturelle se trouvent les premiers vestiges attestés de présence Mage sur Terre : une dent d'une créature inconnue, marquée par la Magie, qui dévoile un avertissement à quiconque la touche. Une mise en garde à l'encontre de Tua'We. À ses côtés, des restes humains ensevelis, des bijoux, et le reste d'une pierre sur laquelle figure une peinture, la plus vieille à ce jour, représentant le culte d'Atua'Mai, déesse du Soleil, de la Magie et de la vie dans les premières civilisations Mages. Grâce à cette peinture, des Sensitifs et Voyants ont eu accès à des bribes d'impression du culte et du mode de vie d'une population inconnue qui aurait habité l'île. Les historiens estiment qu'ils étaient Mages de lumière, capables de générer des sources de lumière et de chaleur différentes du feu, sphériques, très proches des orbes de Sensitifs. En 1869, c'est Sylvia Ribeira qui trouve des traces, sur les îles voisines, d'autres peuples vouant le même culte. L'histoire semble converger vers un peuple unique qui se serait scindé à la rencontre de populations Dépourvues, générant l'apparition d'un deuxième Don, possiblement l'Aéromagie, bien que les impressions puissent laisser penser à un dérivé de "poussière translucide". La mutation du Don de lumière vers l'Aéromagie n'est pas encore bien comprise, mais il est aujourd'hui admis que le brassage entre Mages et Dépourvus soit à l'origine de la diversification des Dons, comme une réponse adaptative de la signature Magique à une nouvelle information génétique. C'est ce que soutiennent les dernières recherches en Magie Vivante d'Eva Desmund. Le culte d'Atua'Mai dure pendant près de 500 ans, et a la particularité d'être monothéiste. Sur l'île de Nuku Hiva, des vestiges ont été retrouvés de villages rudimentaires. Il semble que la plupart des connaissances étaient stockées sur des objets mystiques, que les habitants touchaient afin de se les transmettre.
Cercle d'Atua'Mai, musée du Congrès
Aux alentours de -4800, le Cercle d'Atua'Mai est créé. Il s'agit d'un objet sacré doté de connaissances du peuple Mainui, implanté en Polynésie à partir de cette période. Les Voyants ont pu déterminer qu'il avait été volé par le peuple Tonaui peu après son élaboration, révélant ainsi des secrets sur la communion magique, première forme de méditation. Une guerre débute entre les deux peuples, qui secoue progressivement tout l'archipel. Le cercle semble être un objet de culte aussi craint que prisé. Il est dit qu'il aurait rendu fou le chef Onui et sa famille, alors qu'il reposait dans leur bâtisse. C'est finalement le peuple de Mages Tehka, originaires des alentours des îles Samoa, qui le récupère. Mais la caste mystique, la plus haute noblesse de ce peuple, considère l'objet comme cachant sa véritable intention. Nohuha, le Grand Prêtre d'Atua'Mai, pense que la Déesse y a caché un message. D'après les sources d'objets de connaissance de l'archipel, Nohuha aurait alors enseigné à son peuple les bases de la communication télépathique, le lien "à tout ce qui vit, tout ce qui meurt, tout ce qui est". Il devient une figure très importante de cette époque.
Statue de Nohuha, musée du Congrès
Nohuha vit vraisemblablement plus longtemps que la moyenne des Mages, puisque des statues à son effigie sont réalisées aux alentours de -4700, et qu'elles contiennent encore des récits par impression de ses faits. Il aurait notamment progressivement cessé de parler, vouant une obsession au cercle pour sa forme, au détriment de sa peinture. Ce culte voué à la forme géométrique marque la fin de la période du culte d'Atua'Mai, qui tombe en désuétude.
Période Géométrique ( env -4700 — -4500 )
Cube de Nohumon, musée du Congrès
La Période Géométrique est marquée par un culte voué à la Géométrie de l'Univers, que les peuples Mages polynésiens considéraient sacrée. C'est aussi la période des premiers échanges télépathiques entre humains de différents continents. On estime que deux peuples, l'un dans l'archipel polynésien et l'autre en Afrique du Sud-Est, ont communiqué par images transmises lors de méditations. C'est ainsi que l'on connaît la propagation du culte géométrique dans ces régions. Le monde était alors représenté par des cubes. En dessous, le cube était originellement strié et abîmé, comme une allégorie étrange de la mort ou du vide violent. Les côtés représentaient la vie terrestre, avec des scènes quotidiennes. La face supérieure représentait une figure géométrique. C'était un découpage dimensionnel du monde ; la figure géométrique était considérée comme de réalité supérieure et divine. Parmi ces figures notables, il y a le carré de Metatron ou le cercle kaléïdoforme. La particularité majeure de ces artefacts est qu'en leur proximité, si un Sensitif fixe trop longtemps les symboles, il peut ressentir un "malaise du vide métaphysique", sensation étrange de détresse et de perte de repères, allant jusqu'à des pertes de conscience et de mémoire immédiate, et des sensations de "sauts temporels", de moments oubliés entre deux instants. Le fait que les enchantements d'époque soient toujours actifs est révélateur du lien profond qu'entretenaient ces peuples avec la Magie.
Cube d'Afomi, musée du Congrès
C'est aussi aux alentours de -4600 que les premières traces d'objets de connaissance sont retrouvées en Afrique, dans la même région où le culte géométrique se répand. Ici, le dessous est à l'identique du dessus, évoquant une évolution dans la philosophie géométrique du monde, où l'endroit et l'envers sont considérés comme deux faces de la même dimension, dévoilant ainsi une spiritualité plus cyclique de la vie et du monde. Ces cubes révèlent l'existence de créatures émanant de la Magie : les Léviathans. Leur origine est incertaine, mais ils constituent un règne vivant à part. Un Léviathan émane de la Magie et ne se reproduit jamais, supposément immortel s'il n'est pas défait.
Ère des Léviathans ( environ -4500 — -3940 )
La Guerre Démone ( -4500 — -4200 )
Mur de la cité-état de Djenraz
Lorsque Karl Handri retrouve les vestiges de la cité-état de Djenraz avec son équipe, il remarque un détail insolite : la plupart des murs de prière (murs sacrés présents dans chaque bâtisse) sont gravés de scènes de guerre entre humains et Léviathans. Cela confirme plus de trois siècles de spéculations et théories sur la présence des Léviathans dans l'Âge Mystique, des millénaires avant notre ère. Le début de la Guerre Démone est estimé aux alentours de -4550. C'est l'âge d'or des cités-états en Afrique. Le Malkis (chef/roi) de la cité-état de Blaznir, Tafo, convainc les cités voisines d'attaquer les Léviathans, qui bordent les océans et sévissent dans les zones centrales du continent. Tafo est le premier Malkis d'une longue lignée de fervents combattants des Léviathans. On estime que les Léviathans ont tué, durant cette période, plus de 85 % de la population Mage, d'où la haine vouée à leur égard. Les murs de prière ont la particularité d'être des vecteurs d'émotions diverses. Il n'est pas rare de prier pour la déchéance des Léviathans ou le courage des soldats envoyés les affronter.
Le Kaltzil ( -4200 — -3940 )
Statue du Kaltzil, vestige inconnu, Sahara
Aux alentours de -4200, le Roi de Milcidia, à l'ouest de l'Afrique, relate dans un cube de connaissance la "hiérarchie des Léviathans". Il y décrit alors l'existence du Kaltzil, un Léviathan doté de six bras, une queue de serpent et un visage terrifiant, qui agirait comme une reine au sein d'une ruche, influençant le comportement de tous les autres. Les cités et royaumes font alors front afin de faire échec au Kaltzil. Mais le combat dure plusieurs siècles. Le Kaltzil possède la capacité de retourner les peuples les uns contre les autres, si bien que de nombreux conflits éclatent. Le culte géométrique est peu à peu délaissé au profit d'un panthéon polythéiste censé représenter l'antithèse des Léviathans. On retrouve des traces de ce panthéon jusqu'en Asie Mineure, où les peuples ont aussi à subir les attaques des Léviathans. L'une des déesses semble d'ailleurs inspirée d'Atua'Mai, comme un vieil héritage des origines polynésiennes des cultures Mages.
Peinture murale du palais de Zin Atui, représentant Atui terrassant le Kaltzil
C'est finalement la Reine Atui qui mène la dernière campagne démone en Afrique du Nord et terrasse le Kaltzil aux alentours de -3940. Le Léviathan aurait tenté de la duper en lui promettant la paix. Mais son Don de Voyance (Oracle, selon les termes d'époque) lui aurait permis de percevoir la duperie et de tendre un piège au Kaltzil. Elle parvint à l'entraîner au fond d'un désert de boue généré par des mois de pluie provenant du Léviathan des Saisons. Le Kaltzil ne survécut pas à l'ensevelissement, et il est dit que ses os reposent encore quelque part dans les profondeurs du Sahara. La disparition du Kaltzil rend les Léviathans bien plus erratiques. Suivant leurs instincts, ils se dispersent, trouvent des habitats et y survivent, même si leur nombre décroît au fil des siècles. Cela marque la fin de l'Ère des Léviathans.
L'Expansion Mage ( -3940 — -3523 )
L'Empire des Mages d'Orient ( -3595 — -3523 )
Ruines des Ishtari, Sahara, 1934
Suite à la mort du Kaltzil, les Léviathans perdent en puissance. C'est le début de l'expansion des Mages à travers le monde. Le plus grand nombre de traces anciennes est retrouvé entre l'Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l'Asie centrale. Des gouvernements toujours plus grands s'organisent dans ces régions. De nombreuses guerres éclatent, dont l'histoire a gardé quelques traces. Essentiellement territoriales, parfois liées à des disputes d'artefacts magiques, elles n'entravent pas une expansion toujours plus croissante. On estime qu'aux alentours de -3650, la moitié du monde est peuplée de Mages. Le déclin progressif des Léviathans permet également aux Dépourvus de se développer. Les Mages inventent l'écriture de leur côté quelque part entre -3700 et -3600, en Afrique du Nord, bien qu'elle soit encore rudimentaire. Au cœur du Sahara, un peuple, les Ishtari, est en proie à des guerres de clans dans un désert de moins en moins hostile, les Léviathans disparaissant peu à peu. C'est vers cette période qu'émerge Dakkan, chef d'une faction de mystiques. Sa tombe, découverte dans une zone cachée appelée la Vallée du Roi (à ne pas confondre avec la Vallée des Rois), contenait des orbes de connaissance (version plus moderne et précise des cubes de la Période Géométrique), donnant des renseignements précieux sur le monde de cette époque.
Statue de Dakkan, musée de Yassine Houdi, 1952
La découverte des seize orbes de connaissance dans la Vallée du Roi, en 1934, par l'archéologue Shafed Al Met (futur dictateur) permet enfin de trancher sur la véritable existence de la figure mythique de Dakkan, supposément Seigneur de la Magie ayant vécu avant l'Égypte ancienne. Grâce à cette découverte, il est maintenant connu que Dakkan est roi d'Orient dès -3595, et qu'il fonde le premier grand empire Mage en -3589. Son empire s'étend également en Europe, dans l'Ancienne Grèce, et jusqu'aux abords de la Mongolie, après son triomphe contre l'empereur Jalor. Il unifie les peuples Mages pendant douze ans, avant de mourir en -3577, proche de la Transcendance Magique. Après sa mort, le "Grand Oubli" survient. Il s'agit d'un phénomène encore inexpliqué, qui voit le déclin spontané de la population Mage et de la mémoire de leur existence, ce qui explique leur disparition dans la mémoire collective des Dépourvus. Dakkan a fait construire la première pyramide, bien que son tombeau soit vide de corps. Le règne de Dakkan est considéré comme un point pivot dans l'Histoire des Mages. Il est considéré comme le premier Sensitif et le concepteur de plus d'une centaine d'orbes de connaissance ayant participé à l'accroissement du savoir magique durant les millénaires suivants. Sa signature magique imprègne encore la Vallée du Roi, plus de cinq mille ans après sa mort.
Les Millénaires Perdus ( -3577 — -253 )
Disque d'or représentant les migrations des moines Berfothins, musée du Congrès
Suite à la dissolution de l'Empire des Mages en -3523, une très grande période d'incertitude débute. Nous n'avons que très peu de connaissances sur les populations, événements, faits attestés. Néanmoins, des migrations s'opèrent. Le centre névralgique des populations Mages se déplace du Moyen-Orient à l'Asie du Nord et à l'Europe de l'Est. Beaucoup de Mages semblent se mélanger aux populations Dépourvues, bien plus craintifs à l'idée de dévoiler leur Magie. D'autres vivent en groupe. Les sources les plus notables de l'époque sont les disques d'or marqués par impressions, qui relatent les migrations de moines Berfothins vouant un culte bithéiste à Alva (déesse de l'eau et des rivières) et à Imna (déesse de la terre et des montagnes). Ce sont, durant des siècles, les garants de la transmission du savoir Mage. Leur discrétion et leurs actes de missionnaires en font les perpétuateurs des connaissances passées, et c'est probablement grâce à eux que le savoir magique ne se perd pas. On estime que c'est durant cette longue période que les Mages prennent conscience de leur capacité à effectuer de la Magie en dehors de leurs seuls Dons. Nous n'avons que peu de données sur l'état des populations Mages d'Afrique. Il semble en revanche admis que les Mages de Polynésie aient migré jusqu'à atteindre l'Amérique et qu'ils aient fondé les premiers peuples de l'Éveil, qui se sont éteints à la fin du XIXe siècle à cause de la colonisation occidentale. L'invasion du Mage Irkan Azvid sur les terres Poleks marque la fin de l'Âge Mystique et le début de l'Âge Sombre.
Le Royaume d'Irvid ( -308 — -245 )
Peinture sur bois d'Irkan Azvid, Roi et conquérant, portrait effectué par le peintre Voyant Heikar d'Araès en 1852
Le Royaume d'Irvid, qui comprend des régions d'Ouzbékistan moderne, est dirigé par des Mages guerriers et élitistes. Forts de la plus grande armée Mage à l'aube du 3e siècle avant J.C., la dynastie d'Irvid porte des rois forts. C'est en -253 que le Roi Irkan Azvid entreprend la conquête de l'Asie du Nord. Il se heurte rapidement aux clans isolés des steppes et du sud de la Sibérie. C'est lorsqu'il engage le conflit avec Trahuik, le chef des Poleks, que débute l'Âge Sombre, marqué par des guerres incessantes qui mettent à mal la population Mage. En parallèle, les castes mystiques romaines grandissent en influence, et les meilleurs Mages européens s'y retrouvent comme Oracles ou coupeurs de feu. On suppose même que les panthéons grecs et romains auraient possiblement été influencés par des Mages ayant réellement existé, ayant tenté de se faire passer pour des divinités, mais il n'y a pas consensus sur ce sujet.
Statue du Chef des Poleks, Trahuik, steppes mongoles.
En -245, après huit ans de guerre, Trahuik et Azvid s'affrontent en combat singulier. Ce duel est relaté dans des écrits de Mages romains en ces termes : "Et les deux forces des dieux se rencontrèrent sous le regard du soleil, bataillant avec la férocité des Léviathans de jadis. Azvid le cupide fut châtié de son imprudence, et Trahuik remporta sa tête, qu'il fit circuler parmi tous les clans jusqu'à ce qu'elle fût méconnaissable". Suite à la mort d'Azvid, le Royaume est assiégé par les clans asiatiques. Mais très vite, les chefs se disputent le territoire conquis, et Trahuik entre en guerre contre les Clans Zilieks, Treloeks et Naleks. Cette guerre durera pendant des siècles.
Les Guerres de Clans ( -245 — 419 )
Fresque de -115 représentant les Guerres de Clans
Les Guerres de Clans désignent l'ensemble des conflits que se sont livrés dix-neuf clans durant plusieurs siècles, d'Asie Mineure jusqu'aux Balkans et à la Sibérie. Cette période est marquée par un rayonnement très faible de la culture Mage. Les conflits occupent les populations, que la guerre ne cesse de réduire. On estime que dès le premier siècle de conflits, la moitié des clans a déjà disparu par invasion, massacre ou assimilation. En parallèle, les Peuples de l'Éveil se développent en Amérique, et débutent le culte du Soleil Doré, divinité lumineuse représentée par une sphère de lumière qui se répand sur les peuples. Il ne s'agit pas de l'astre solaire, comme les spécialistes l'ont longtemps pensé, mais d'un possible artefact magique local ayant généré une certaine fascination.
Philamoes et Mohanudi ( -31 )
Peinture de Philamoes, retrouvée dans la cité de Mohanudi en 1739
À Rome, les cercles mystiques prennent de l'ampleur à l'arrivée de Philamoes. Cette Oracle grecque issue d'une longue lignée mystique prend la tête de la Caste Mystique, et parvient à assurer des succès militaires notables aux généraux en place lors de certains conflits. Elle est également la première à prophétiser l'existence du Continent, par-delà l'Europe, et organise la première expédition en -31. Elle le découvre à l'endroit attendu, et y installe la première cité indépendante de Mages, Mohanudi, soumise à un système matriarcal. C'est le tout premier peuple à s'installer sur ces terres aujourd'hui si importantes. Sa cité lui survit, et grandit au fil des siècles. Il s'agit du premier exemple de stabilité durant l'Âge Sombre.
L'ascension des Naleks ( 262 — 397 )
Illustration médiévale de Treiar le Fléau, symbole mythologique royal de l'Âge Ancien
En 262 après J.C., Treiar, le fils de Pleistar, chef du Clan des Naleks, succède à son père. Sa stratégie militaire marque un tournant dans les Guerres de Clans, précipitant en moins de trente-cinq ans la soumission de quatre des sept clans encore en guerre. Treiar, surnommé le Fléau, est aussi connu pour sa cruauté et le port d'un masque de bronze qu'il n'enlève jamais, participant à son mystère. Électromage, il imprègne son épée d'électricité, prenant un avantage décisif lors de duels d'honneur. Il est supposément l'ancêtre d'Alvetrar le Grand, et demeure longtemps une figure quasi mythologique célébrée dans le Royaume de Sibérie. Il perd la vie face au chef des Alieks en 313, mais son héritage perdure longtemps. Son fils reprend le flambeau et mate l'insurrection de trois clans.
L'unification de la Sibérie ( 419 )
Pièce de monnaie d'époque représentant Alvetrar le Grand, premier Roi de Sibérie Mage
À la mort de Trahandar, Alvetrar accède au rang de chef du Clan Nalek. Depuis quarante ans, quatre clans s'affrontent : les Naleks, Alieks, Torieks et Tonaheks. Outre le territoire, ils se disputent la couronne sacrée du Premier Roi Mage (Dakkan), qui donnerait sagesse à son porteur. Le 20 juillet 419, Alvetrar s'apprête à lancer l'offensive contre la forteresse imprenable des Tonaheks. Il a déjà triomphé des Alieks et des Torieks sur le même champ de bataille. Le déroulement de l'assaut changera à jamais sa conception du pouvoir et de la Magie. Plutôt que de soumettre et déposer les autres chefs de clan, il suggère une unification, comme le fit jadis Dakkan, et par sa popularité auprès des peuples, il est couronné Roi du Royaume de Sibérie. Cet événement met fin aux Guerres de Clans.
Royaume de Sibérie ( 419 — 709 )
Premier Royaume de Sibérie ( 419 — 514 )
Carte du Royaume de Sibérie en 425, telle qu'imprimée en 1745 dans les manuels d'Histoire du Royaume Ancien.
Le règne d'Alvetrar n'est pas des plus aisés, puisqu'il doit maintenir la paix dans une zone encore en proie aux conflits entre Clans. À sa mort, le 9 juin 437, les Clans Alieks et Torieks se soulèvent. Les historiens pensent que l'aura mystique qui entourait Alvetrar était telle qu'ils n'auraient jamais osé agir de son vivant. Les deux fils aînés du Roi défunt sont vaincus, mais le troisième, Maltar, survit à une tentative d'assassinat et se fait couronner. Il mate les insurrections et devient ainsi Maltar le Puissant. À sa mort, après vingt ans de règne, le Royaume semble être en paix. Mais cela ne dure pas, puisque son fils, Orionkar, dit « le Cruel », fait assassiner tous ses frères et monte sur le trône. L'ironie veut qu'il ait élevé ses enfants afin de les préparer à résister aux fourberies qu'il aura lui-même utilisées lors de son règne, afin de les rendre encore plus invincibles que lui. Hostile aux Dépourvus, il met en place une politique d'autarcie totale vis-à-vis des peuples non magiques, allant jusqu'à créer des postes de frontière gardés nuit et jour.
Disque d'or représentant Traltar le Mystique, musée du Congrès
Orionkar meurt assassiné par un Aliek. Son fils, Traltar le Mystique, monte sur le trône. Soucieux de ne point repartir pour des siècles de guerres entre Clans, il change de politique et envoie des émissaires à travers l'Asie et l'Europe afin de glaner du savoir magique auprès des autres mystiques du monde. C'est ainsi que la Caste des Mystiques de Rome entend parler pour la première fois du Royaume de Sibérie. On estime que le savoir magique progresse enfin en Sibérie, après plusieurs siècles de stagnation, grâce à Traltar. Alors accusé de délaisser la question politique, il meurt assassiné par un Aliek, comme son père avant lui. À sa mort, son frère Pleiar le Bon parvient à réconcilier enfin les Clans avec un traité de paix historique en l'an 501 : le « Hamne Torek », qui signifie « Âme des Mages Sibériens ». Le Royaume connaît enfin une période de paix. Les Sensitifs commencent à mûrir l'enseignement des Celtes rapporté par les émissaires de Traltar. Depuis le Ier siècle, les Celtes maîtrisent la Magie des Druides. Il meurt sans descendance mâle, et le système patriarcal de l'époque désigne donc son neveu, Hirivar le Juste, pour lui succéder.
Rome et l'Empire des Mages du Nord ( 514 — 602 )
Tempera sur bois de Morkladius Ier, collection privée de Jean Belfort
À Rome, la Caste Mystique conserve une position d'exception depuis des siècles, alliant discrétion et privilèges. Même si, dès l'an 355, les contacts cessent avec la cité-État de Mohanudi, le savoir magique s'est grandement développé. Les Mages de Rome sont convertis au christianisme et créent le courant Spiritum, qui croit que la Magie est la manifestation du Saint-Esprit. Ce sont les femmes qui dirigent les Castes Mystiques. Morkladius, général romain, apprend l'existence du Royaume des Mages lorsque les émissaires de Traltar se font connaître. Avide de grandeur, il étudie plusieurs années durant les récits des Clans, se familiarise avec leurs coutumes et leurs tensions. Il épouse Clélia de Rome, Chef des Mystiques, s'alliant ainsi politiquement avec les meilleurs Mages de l'époque, et lance sa campagne d'annexion en 513. Les tensions qui entourent le règne du nouveau Roi Hirivar ouvrent une brèche, et Morkladius dépose le jeune Roi, puis le contraint à l'exil. Populaire auprès des Clans, qui voient en lui un envoyé de la Magie, il convainc la Caste Mystique de quitter Rome et de s'implanter dans le Royaume du Nord. En quelques années, ils imposent une domination culturelle sans précédent, et Morkladius proclame l'Empire des Mages du Nord.
Temple de méditation impérial, ancien territoire Aliek
Le rayonnement culturel de l'Empire des Mages du Nord est tel que certains citoyens de Mohanudi quittent le continent pour rejoindre le Royaume. La christianisation est totale, les Clans stupéfaits par les prouesses des Mages de la Caste Mystique. À la mort de Morkladius en 547, son fils Cylius Ier monte sur le trône. Son régime met à l'épreuve la stabilité de l'Empire, qu'il manque de perdre en 554 à la suite des assauts répétés des peuplades mages d'Asie de l'Est et de leurs Tra'Matai. Il perd si vite en popularité que son frère, haut fonctionnaire de l'Empire ayant une bonne image auprès de ses sujets, est forcé de le provoquer en duel. Cylius est vaincu et son frère Hivialus Ier monte sur le trône. Certaines sources considèrent que son règne, le plus long à cette époque, est un « Âge d'Or de l'Empire des Mages du Nord ». En 586, des tensions éclatent pourtant : le territoire est trop vaste pour durer. À sa mort, le 20 janvier 602, l'Empire éclate. Son fils Nobius, dont la mère est la respectée Moldivia de Sibérie, hérite du trône du Second Royaume de Sibérie, à peine plus grand que du temps d'Alvetrar, mais bien plus avancé en termes de connaissances.
Second Royaume de Sibérie ( 602 — 709 )
Portrait de la Reine Nalia, 1882, de la peintresse Lanea Hajea, d'après les descriptions retrouvées
Le Roi Nobius meurt en 615, et son fils aîné, Cylius II, le rejoint dans la tombe moins de deux ans plus tard. Son frère cadet, Cylius III, hérite du trône, mais préfère s'adonner à la chasse et au champ de bataille qu'à la véritable gestion politique du Royaume, qu'il laisse à son épouse, la Reine Nalia. Elle est d'origine Mohanu (de la cité-État de Mohanudi) et fut strictement éduquée selon les règles des Mystiques. Oracle, elle maintient un équilibre fragile au sein du Royaume alors que son mari lance les campagnes des Trois Clans en 623 (Aliek, Toriek et Nalek). En quelques années de manœuvres politiques, elle finit par tenir le Royaume d'une main de fer et supervise les premières tentatives d'unification des langues en chargeant les Druides de faire circuler la connaissance sur un courant du Saint-Esprit. Les historiens pensent que c'est cette première méthode qui donna plus tard le sort de traduction universel, qui repose sur un « champ de connaissances » que le Mage reçoit et conserve dès lors toute sa vie sans en être réellement conscient (les détails échappent encore aux scientifiques contemporains). Elle entretient un rapport houleux avec Mohanudi, dont la Prêtresse cherche à infiltrer le Royaume par le biais d'une domination culturelle. Mais Nalia renforce les arts du Royaume et fait construire les premiers édifices à la gloire des Rois, qui resteront debout pendant plus de mille ans. Cylius III survit aux combats, mais meurt d'un empoisonnement le 13 juin 630, à son camp de retour de bataille. Sur ses dix enfants, seulement trois filles et un fils atteindront l'âge adulte, en raison d'une grave épidémie qui sévissait en ces temps. Dernier fils de Cylius III, Jolius monte sur le trône à quinze ans à peine. Il sera sous l'influence de sa mère Nalia jusqu'à la mort de cette dernière, survenue en 643.
Ruines de la capitale Toriek, Sibérie orientale
Les héritiers de Jolius sont des Rois de faible envergure. Morkladius II relance la campagne des Trois Clans et meurt sur le champ de bataille en 665, après seulement quatre années de règne. Morkladius III, son fils, poursuit la campagne de son père. Convaincu d'avoir l'ascendant, il s'allie au chef des Torieks, Ruik, mais se fait trahir par celui-ci en 675. L'assassinat de Morkladius III marque la fin de la dynastie Hivialus. C'est le début des instabilités. Ruik devient Roi, et son règne dure neuf ans. Il tente de fédérer à nouveau les Clans, mais le meurtre de son prédécesseur a créé une méfiance conséquente à son égard. Lors du sac de la capitale des Torieks, Ruik et sa famille sont tués par les Clans rivaux. Il aura été le seul Roi de la dynastie Torunak. C'est Alianek, chef des Alieks, qui devient Roi et unifie à nouveau le Royaume. Très populaire à son arrivée au pouvoir, il fait éliminer un certain nombre de ses rivaux afin de garantir la pérennité de sa dynastie. Il meurt d'une infection généralisée en mars 699, alors qu'il attend la délégation des Mages d'Asie du Sud-Est. Ses trois fils monteront successivement sur le trône sous les noms de règne Varianek, ce qui signifie « Guerrier-Roi » en langue Aliek. Une nouvelle guerre des Clans éclate finalement, et Varianek Ier meurt en juin de l'année 700. Son frère, Varianek II, mène ses troupes lors de la Bataille Fantastique du Gouffre Noir et met un terme définitif aux guerres de Clans. Mais sa victoire est si magiquement spectaculaire qu'elle alerte les pays Dépourvus voisins. Dès lors, le Royaume subit leurs attaques, et le Roi meurt en affrontant des armées d'Europe de l'Est. Le dernier frère, Varianek III, fait face aux invasions, mais sait dès lors qu'une décision dramatique doit être prise. Constatant l'imminence du massacre de son peuple, affaibli par des siècles de guerres internes, il met en place la Grande Migration des Mages de 709. En excellents termes avec la cité-État de Mohanudi, la Prêtresse Oktuna étant très concernée par la survie de l'unique Royaume Mage prospère, Varianek III décide que son peuple élira domicile sur le Continent. Cette migration formidable marque la fin du Royaume de Sibérie et de l'Âge Sombre, et le début du Royaume du Continent, ou Royaume Ancien.
Âge Intérieur ( 709 — 1222 )
Établissement de la Souveraineté Mage ( 709 — 1036 )
Gravure du VIIIe siècle représentant Varianek III enseignant la Magie à ses sujets sous la vigilance du Saint-Esprit
Les circonstances de la Grande Migration des Mages sont encore mystérieuses. Même si une grande partie de la population ne survit pas, un nombre conséquent s'établit sur le Continent et investit d'abord le Nord-Est, dont le climat froid est plus supportable pour les Sibériens. Varianek III, qui avait jadis un palais en Sibérie, fait construire un édifice beaucoup plus sobre, marqué par les pertes de la Migration. Avec la Reine Cloemir, ils sont considérés comme des figures emblématiques de l'Histoire des Mages. À sa mort d'une indigestion, en 722, ses trois fils se disputent le trône. Chetori Ier est assassiné, Chetori II se suicide pour éviter la capture, et c'est finalement Chetori III qui parvient à s'asseoir durablement sur le trône. Terrifié à l'idée de voir les Guerres de Clans se reproduire sur le Continent, il fait assassiner tous ses neveux et nièces, s'assurant que sa lignée est désormais l'unique lignée Alianek. Mais il ne peut hélas concevoir, et une méningite foudroyante l'emporte en 739, laissant le trône vacant.
Statues de Hulian le Brave et de la Reine Sigismea, nécropole de Torfund
Beaucoup voient dans le destin de la dynastie Alianek une punition divine pour avoir quitté les terres de Sibérie. C'est ainsi que naît l'origine du courant cénoïste. La Haute Noblesse du Royaume, soucieuse de choisir un successeur qui contente à la fois les dissidents et les légitimistes, met sur le trône le stratège militaire Hulian, dit le Brave. Il est bithéiste, tenant de la religion ancienne des moines berfothins. D'abord manipulé par les hommes d'influence du Royaume, il finit par prendre son indépendance et met en place l'ensemble des lois et découpages territoriaux du Royaume Ancien. Marié à la Reine Sigismea, il aura seize enfants avec elle. Conscient des défis qui attendent ses descendants, il décide de faire creuser un réseau de mines dans des grottes naturelles, au sud du Continent. Il en tire des richesses qu'il marchande avec les royaumes voisins en masquant leur origine. La localisation des mines est perdue au fil des siècles, et aujourd'hui nul ne sait où elles se trouvent véritablement, même si leur existence est globalement admise. À sa mort, son troisième fils, Hekno Ier (dit le Puissant), hérite du trône. Les circonstances de son accession au trône sont exceptionnelles : avant de mourir, Hulian prépare un test pour ses descendants, ouvert aux fils comme aux filles. Hekno en sort vainqueur. Son règne est marqué par le renforcement du pouvoir royal, notamment grâce aux Directeurs de Régions. C'est sous son règne qu'est fondée la Province d'Araès, en 819. Ses deux premières femmes meurent en couche, et il n'aura de descendance qu'avec la troisième. Son fils Olemus, dit le Ventripotent, lui succède à sa mort en 823. Olemus est considéré comme un tyran impopulaire, que son propre fils Skeptar assassinera afin d'accéder au trône.
Portrait de Skeptar, 1851, du peintre Eozar De Fault, d'après les gravures d'époque (série « Royaume d'antan »)
Le règne de Skeptar l'Unique apporte de grands changements. La pluralité religieuse est officiellement autorisée en 838, ce qui attire la sympathie de la communauté cénoïste, toujours grandissante, mais aussi des polythéistes présents sur le Continent. C'est aussi sous son règne que se fédère le Clan Matak, au centre. Ayant la sympathie des cénoïstes du Nord, il établit dans les forêts du Nord le « Conseil des Émeraudes ». Son règne est marqué par de profonds changements dans la politique du Royaume. La Magie des Druides est à son apogée sous son règne. Les enseignements de Merlin, Seigneur de la Magie celte (IVe, Ve, VIe siècles), ont consolidé de solides bases magiques, ce qui permet le perfectionnement du sort de langue universelle. Il adapte également l'emblème du Royaume, le Dragon des Cieux, aux couleurs du blason de son épouse, la Reine Belia du Nord. L'étude de la vie de Skeptar connaît un regain à la Renaissance et au XIXe siècle. L'amour profond qu'il vouait à son épouse est l'objet de nombreuses chansons, et participe à l'amour courtois sur le Continent.
Vitrail de Monkar, dans le Temple cénoïste de Reida, estimé à 906
À sa mort, son fils Monkar hérite du trône. Premier Roi « millénaire » (à la longévité exceptionnelle), il doit faire face à trente ans de révoltes du Clan Matak, si bien qu'il finit par orchestrer leur massacre en 915. Une guerre avec l'Irlande a lieu entre 917 et 921, mais un traité de paix garantissant l'autarcie des Mages est prononcé. Les échanges avec les pays alentours se font de plus en plus rares, le Royaume développant une agriculture forte sous son règne. L'invasion liquon, peuple ayant fait scission avec Mohanudi en 713, met à mal le Roi et aura raison de sa vie. Son arrière-arrière-petit-fils Monkadius Ier hérite du trône en 956 et vainc les Liquons en 976, lors de la Bataille de Cosea. Aujourd'hui encore, les vestiges de cette bataille sont visibles dans la région, appartenant au Consulat des Cinq. Son fils, Monkadius II, est le dernier Roi de la dynastie hulienne, puisqu'il s'éteint sans descendance mâle en plein début de la Guerre des Peuples.
Première Guerre des Peuples ( 1036 — 1205 )
Portrait de Hekno II, 1848, du peintre Eozar De Fault, d'après les gravures d'époque (série « Royaume d'antan »)
En 1036, les tensions accumulées depuis quatre décennies au sujet du partage des ressources éclatent. Le Conseil des Émeraudes est dissous, et six régions du Nord se dressent contre le Roi. L'agitateur Infried, homme de lettres et mercenaire, poignarde le Roi dans sa demeure le 7 juin 1047. Le régicide est un bouleversement qui traumatise le Royaume et crée un climat d'hostilité qui durera plusieurs siècles. Soucieux de préserver la stabilité du gouvernement, les Nobles choisissent le Grand Général de l'Armée Royale Hekno d'Araès, issu de la famille la plus prestigieuse du Royaume. Mais sa régence ne dure que six mois : il convainc la Noblesse de le placer sur le trône dès la fin de l'année. Son règne est marqué par des conflits meurtriers et une volonté de recentrer le pouvoir entre les mains du Roi. Il réforme les régions, instaure un régime autoritaire et incarne une transition vers une lignée de Rois bien plus guerriers. Il meurt lors de la Bataille des Portes d'Hajea, en 1071. Son fils Vinicidi, dit le Rapide, lui succède. Doté du Don de vitesse, il est un combattant craint par ses ennemis, respecté par ses sujets. Il détient le record historique de treize invasions repoussées en un seul règne et contient un temps l'insurrection. Mais, tout comme son père, il meurt sur le champ de bataille.
Portrait d'Eolis de Fandragar dans le Temple lisandrain de Fandragar
La succession de Rois guerriers et d'invasions crée un mouvement de panique. La Province de Senta, au Sud-Ouest, finit ruinée par les frais d'oracles en tous genres. Une partie du Royaume soutient ses dirigeants, mais une autre considère que le climat hostile n'est que le résultat de la doctrine d'Araès. Parmi les figures d'opposition, on peut citer le moine et poète Eolis de Fandragar. Né en 1111, il rejoint l'ordre cénoïste de la Province de Fandragar à l'âge de quinze ans, mais la quitte six ans plus tard. D'abord converti au bithéisme berfothin, il renoue avec les croyances de la Période Géométrique des Mages à la suite d'une vision. Il fonde la religion lisandranne après des semaines de méditation dans la Clairière de Lisandres, une zone au sud du Continent chargée de Magie. Cette religion d'un tout unifié prône le pacifisme et, dès lors, les disciples d'Eolis militent pour la paix. Ils occupent des bâtiments publics et des rues, jusqu'à l'arrestation, voire l'exécution. Mais le Roi Monkadius IV préfère user de diplomatie avec cette figure si appréciée du peuple. Les circonstances de son accession au trône étant déjà sujettes à de vives critiques (à la mort de son père, il faut exécuter le régent Balthus pour monter sur le trône à seulement quatorze ans). Les deux hommes finissent même par se rapprocher aux alentours de 1182-1183, et Monkadius, fasciné par la parole d'Eolis, devient lui-même lisandrain. Il crée alors l'Armée des Mystiques, qui ne lui survivra hélas pas. La fin de son règne est marquée par un assouplissement des rapports entre les différentes populations du Royaume. Les Mages d'Afrique élisent domicile aux abords et à l'intérieur du Désert du Centre, sur les anciennes terres Matak.
Fondation du Clan Dayahl ( 1207 )
Statue du Roi Kar le Guerrier, Dayahl
La Première Guerre des Peuples approche de sa fin. Les tensions s'apaisent, mais la région de Senea, dans le Nord, effectue des pillages dans les régions voisines en représailles à leur sympathie pour le Roi. Monkadius IV est forcé d'intervenir et, tout comme ses prédécesseurs, il meurt sur le champ de bataille. Son fils, Kar, qui a déjà survécu à de multiples batailles, écrase la région ennemie, massacrant de sa main jusqu'aux familles des sympathisants. En 1205, les derniers réfractaires ratifient le traité de paix, qui met fin à la Guerre des Peuples. Le Royaume retrouve alors sa stabilité sous le règne autoritaire de Kar, dit le Guerrier, connu pour son tempérament violent et sa justice particulièrement punitive. La cité de Mohanudi, opposée à son règne, est entièrement rasée, et on estime que le peuple Mohanu est presque éteint à la fin de son règne. Dans ce climat, de nombreux érudits considèrent qu'il est temps d'œuvrer pour la consolidation des savoirs magiques, et que l'heure n'est plus aux conflits. Cegest Wildroma, le fils d'un lisandrain de modeste fortune, rencontre Makayla Nams, fille d'un noble magistrat du Royaume (et mécène des artistes de l'époque). Ensemble, ils obtiennent l'autorisation du Roi de construire un édifice dédié à l'instruction et à la formation de Mages d'élite, aux abords de la Clairière de Lisandres. Si le Roi se montre sceptique, il est convaincu par les résultats des fondateurs de l'édifice, alors baptisé Dayahl. Selon lui, c'est une véritable armée en devenir, et il entend bien l'utiliser pour étendre le Royaume et possiblement fonder un nouvel empire. Mais le Roi a de nombreux ennemis, et il meurt assassiné en 1222 avant de pouvoir concrétiser sa vision. L'arrivée au pouvoir de Valkar le Millénaire opère un assouplissement du Royaume. L'orientation de Dayahl est laissée à ses fondateurs, tandis que le Roi a d'autres projets pour l'avenir du Continent. La fin de la Guerre des Peuples, la fondation de Dayahl et la mort de Kar le Guerrier marquent la fin de l'Âge Intérieur.
Âge Extérieur ( 1222 — 1512 )
Ouverture et indépendances ( 1222 — 1347 )
Valkar le Millénaire, tempera sur bois, 1316
Fils de la Reine Septimia et de Kar, Valkar monte sur le trône à la mort de son père, en 1222. Doté du Don de longévité, il assumera le règne le plus long de toute l'histoire des Mages (cent vingt-et-un ans, trois mois et dix jours), malgré une interruption. Dès les premières années, il axe sa politique sur l'ouverture, estimant que "le meilleur moyen pour les Mages de ne pas se faire la guerre entre eux reste encore de la faire aux autres". L'ouverture à l'Europe et au commerce apporte des tensions, et entre 1283 et 1296, plusieurs guerres secrètes ont lieu, avec les Royaumes de France, d'Espagne et d'Angleterre. Le Roi de France ira même jusqu'à qualifier Valkar de "fantoche affabulateur, coureur de supercheries". Cette ouverture crée de profondes transformations géopolitiques, et modifie la structure même du Royaume. La Province d'Araès, d'où la dynastie de Valkar est originaire, est très opposée à cette initiative, et tente de dissuader le Roi pendant trois décennies. Mais, las d'être ignoré, le Gouverneur Tilian lance un ultimatum en 1321. Le Roi l'ignore, Araès étant en perte de vitesse sur la scène économique à cette époque. En 1324, une rencontre est organisée entre le Roi et le Gouverneur, et un traité d'indépendance est ratifié, créant ainsi la première scission au sein du Royaume.
Mandred l'Usurpateur, dessin anonyme, 1341, musée du Congrès
Cela ne plaît guère aux souverainistes, et notamment à la Coalition du Respect, dirigée par Mandred de Senea. La scission est vue comme une trahison du Roi envers sa propre dynastie. Mandred est un agitateur Spiritum, prônant un retour à un Royaume fort, uni, dans la lignée de l'héritage de Varianek III. En 1341, lui et ses soutiens dans la Noblesse parviennent à s'introduire au Palais lors d'une nuit du mois d'août, et capturent le Roi alors qu'il rentre d'une promenade personnelle. Il sera détenu captif pendant quarante-sept jours, durant lesquels Mandred usurpe le trône. La région de Farea ne voit pas cette manœuvre d'un œil favorable, et un groupe de loyalistes Fareasiens fait pression pour libérer le Roi. Acculé, Mandred doit céder. Valkar reprend son règne et fait exécuter Mandred et tous ses soutiens sur la place publique. Le règne de l'usurpateur aura, ironiquement, été le plus court de l'Histoire des Mages. Mais le retour de Valkar ne résout pas les tensions soulevées par ses opposants. En 1344, il est pris dans une embuscade par des rebelles de Senea, et se fait assassiner avec toute sa famille, mettant ainsi un terme définitif à la Dynastie d'Araès.
Seconde et Troisième Guerre des Peuples ( 1347 — 1512 )
Kilstar Ier, peinture officielle, 1415
Le soutien loyaliste apporté par la région de Farea plaît à la Noblesse, ainsi qu'à la bourgeoisie montante du Royaume. Les Gouverneurs de Provinces et Régions désignent Orija, fils aîné du Gouverneur de Farea, pour s'asseoir sur le trône. Mais son règne ne dure que trois ans, une maladie fulgurante l'emportant à vingt-et-un ans tout juste. Son frère lui succède en 1347, Monkadius V. Cela ne plaît pas aux autres régions du Nord, qui estiment que la désignation d'Orija le Bref comme Roi ne stipule aucunement le début d'une nouvelle dynastie. C'est le début de la Seconde Guerre des Peuples. Monkadius édicte des lois qui isolent les régions, et se rend lui-même sur le champ de bataille à partir de l'an 1382. Il est blessé en 1392 lors d'une campagne éprouvante qui met fin à la Seconde Guerre des Peuples, et sa plaie ne guérit pas. Il meurt après deux ans d'agonie, léguant le trône à son fils aîné, Kilstar Ier. Sentant l'histoire se répéter, Kilstar multiplie les échanges avec l'Europe, et notamment les cités Mages cachées afin de trouver des soutiens hors du Continent. Cela donne un avantage stratégique à la région de Farea, ce qui ne plaît pas aux régions voisines.
Kilstar II, peinture officielle, 1455
À sa mort, son fils, Kilstar II, comprend qu'une Troisième Guerre des Peuples se prépare. Il se désolidarise alors du régionalisme qui freinait ses ancêtres et s'établit au Sud du Royaume. Cela ligue définitivement ses soutiens de Farea contre lui, mais lui attire la sympathie du reste du Royaume. Peu à peu, ce sont six régions du Nord qui entrent en guerre avec le Royaume. Kilstar II doit lutter, mais transforme en parallèle le Royaume de l'intérieur. Ce sont quatre cents carnets qu'il lègue à la postérité, qui détaillent la vie au Royaume, les croyances, l'état des connaissances et des réflexions du Roi quant à l'avenir. Kilstar II prédit qu'il viendra un jour où les Dépourvus se soulèveront, et que leur technologie surpassera le Royaume des Mages, trop occupé dans des querelles fratricides pour voir la menace venir. C'est aussi un poète, musicien et amateur des arts. Il finance de nombreux artistes, dont Eumédée Dicare, que ses opposants accusent d'être son amant. S'il est marié, il est vrai que le Roi ne produit aucun héritier, et qu'il existe des traces suggérant une homosexualité du monarque. Cependant, il est avéré que sa faible constitution l'aurait empêché de procréer, d'après les analyses effectuées sur sa dépouille en 2014. Il meurt d'un syndrome immunitaire en avril 1478, et demeure dans les mémoires comme un Roi prudent et en avance sur son temps.
Selene Al Strid, Gouverneur de Marea, portrait officiel, 1498
Monkadius VI hérite du trône. Frère cadet de Kilstar II, il combat les peuples du Nord pendant l'ensemble de son règne. Sensible aux apports culturels de son frère dans le Royaume, avec qui il entretenait une relation profonde, il parachève l'introduction de la Renaissance sur le Continent. S'il épouse la respectée Reine Fanny, c'est avec la Comtesse de Marea qu'il entretient une relation passionnelle et tumultueuse. Fille du Gouverneur de Marea, Selene Al Strid succède à son père et fait attaquer l'Est du Royaume. Cette manœuvre met fin à sa relation avec le Roi, qui ne lui pardonnera jamais. Néanmoins, elle gagne ainsi l'avantage territorial et le soutien des régions de Hajea, Cosea et Farea. La guerre culmine le 29 août 1511, lors de la Bataille des Peuples. Affaiblis, les belligérants négocient pendant cinq mois, jusqu'à parvenir à un traité d'indépendance. Les régions de Cosea, Marea, Farea, Plytea et Hajea forment un État indépendant, le Consulat des Cinq. Senea est rattachée au Royaume. Le Roi meurt d'épuisement en 1512, mais beaucoup de chansons diront qu'il s'agissait de chagrin.
Âge de l'Exploration ( 1512 — 1709 )
Explorations et découvertes ( 1512 — 1595 )
Explorateurs Mages en départ, toile du peintre Sigismond Erdisto, 1523
Lorsque Monkadius VII hérite du trône de son père, le Royaume est enfin en paix. La Province d'Araès entretient de bonnes relations avec le Royaume, et le Consulat des Cinq se structure en autarcie. Pour le Roi et ses conseillers, c'est le moment idéal pour débuter les explorations, comme le font les Européens depuis longtemps. La découverte par les Dépourvus d'Europe du continent américain a fait grande sensation chez les Mages, et la curiosité pour le monde extérieur bat son plein depuis les règnes de Kilstar II et Monkadius VI. Le Roi finance de nombreuses expéditions. Il constitue notamment un équipage dans lequel l'Ensorceleur Malacai est chargé d'étudier les connaissances magiques des territoires explorés. C'est lui qui découvre la Magie Vivante et théorise les quatre formes de la Magie (Intuitive, Simple, Complexe, Vivante). Alors que le Royaume est en pleine prospérité, le Roi quitte le Continent et se rend personnellement en Sibérie, malgré les avertissements de Malacai. Il disparaît sans laisser de trace. Son fils, Monkadius VIII, finit par lui succéder.
Monkadius VIII, portrait d'Amo Irdoin, 1572
Le règne de Monkadius VIII marque l'apogée de l'Âge de l'Exploration. Roi très populaire, il participe lui-même aux expéditions, contre l'opinion de la Noblesse. Il est le premier Roi du Continent à établir des liens avec les Peuples de l'Éveil, en Amérique. Ces peuples sont les descendants des premiers Mages, adorateurs du Soleil Doré. Ils ont prospéré du Nord jusqu'au Sud, et Monkadius VIII reconnaît leur souveraineté avant de quitter leur continent en 1564. Aucun Roi ne contestera jamais cette reconnaissance. Il est de notoriété publique que le Roi entretient une liaison avec la poétesse et musicienne Selma Al Met. Il soutient son idéologie égalitariste, arguant que le Consulat des Cinq a depuis longtemps abandonné l'hérédité mâle, et désigne même sa propre fille comme successeuse au trône à sa mort. Malheureusement, cette décision n'est pas respectée, et c'est son frère Monkadius IX qui lui succède lorsqu'il s'abîme en mer le 20 avril 1589. Il est considéré comme l'un des Rois les plus populaires de l'Histoire du Royaume Ancien. Les Cénoïstes et Lisandrains voient en lui l'archétype du Roi Sage, ouvert sur le monde et l'altérité. Dans un Royaume où le Spiritum est en net déclin, il incarne une figure de changement.
Dernier Roi Millénaire ( 1595 — 1709 )
Xanateus le Millénaire, troisième et dernier portrait officiel, 1707
De santé fragile, Monkadius IX ne règne que six ans avant de mourir d'une maladie foudroyante, sans descendance connue. C'est donc son frère cadet, Xanateus, qui lui succède. Roi Millénaire ayant eu le plus long règne sans interruption, il ratifie enfin en 1603 le traité « d'égalité des droits et devoirs entre hommes et femmes au sein du Royaume des Mages ». Cela change considérablement la vie au Royaume. Bien que ce traité ne modifie pas l'hérédité mâle pour la succession royale, la plupart des autres formes d'hérédité vont désormais au premier-né, qu'il soit homme ou femme, si tant est qu'il ou elle soit apte à exercer la fonction. Xanateus, convaincu que les explorations démarrées par son père et son frère sont la clef d'un rayonnement plus grand, voit encore plus loin. Si son père a rallié les terres du passé et son frère les mers modernes, lui sonde le ciel de demain. Il finance, sans succès, l'exploration spatiale. C'est un Roi vu par ses sujets comme bon, mais idéaliste, parfois naïf. Fin diplomate, il ratifie des traités de paix avec l'Empire britannique, évitant ainsi la guerre (l'exploration Mage n'était pas passée inaperçue, et certainement pas au goût de la Couronne d'Angleterre). Xanateus passe du temps avec sa famille, et survit à ses enfants, petits-enfants et même arrière-petits-enfants. Sur ses dernières années, la sénilité le guette. Il passe toutes ses soirées à contempler la Lune, sans doute déçu de n'avoir jamais pu l'atteindre. La Cour le pensait obsédé par l'Astre au point de lui vouer un culte secret, ou d'y voir la figure allégorique d'une fiancée d'autrefois, morte bien trop tôt. Il s'éteint à presque cent cinquante-six ans, dans son sommeil. Les dernières années de son règne voient le mécontentement du peuple grandir, alors que la lignée du Roi est accusée dans des affaires de détournement de fonds, d'abus de pouvoir et de scandales mondains. Sa mort marque la fin de l'Âge Ancien.
Vers une Monarchie Constitutionnelle ( 1709 — 1760 )
Le pouvoir au Parlement ( 1709 — 1733 )
Les Parlementaires, peinture d'Amédée Hawkins, 1729
À la mort du Roi Xanateus, la dynastie Fareasienne est vivement conspuée par le peuple autant que par la Noblesse. Les changements de paradigmes qui s'orchestrent au sein du Continent (le modèle du Consulat des Cinq étant vivement apprécié), les gouverneurs de provinces décident de créer un Parlement, avec l'approbation des élus locaux du peuple (fonction créée par Xanateus en 1673). L'arrestation de Monkadius de Farea, prétendant au trône du Royaume, marque un tournant. Le Parlement organise un grand vote des élus locaux, qui désignent le haut fonctionnaire Kilstar de Hayus pour assumer le trône. Il devient ainsi Kilstar III, premier Roi de la dynastie des Tareskines (dernière dynastie du Royaume ancien). Les mutations sociales et économiques, ainsi que les découvertes scientifiques et magiques, ouvrent une nouvelle ère sur le Continent. Le Royaume, s'il reste la première puissance, doit composer avec des voisins forts que sont la Province d'Araès et le Consulat des Cinq.
Le Temps des Pirates ( 1651 — 1735 )
Le Vengeur, navire du Capitaine Lawn, peinture d'Hubert Céleste, 1728
Depuis 1651, l'ouverture au monde extérieur favorise l'essor de la piraterie mage. Elle atteint son apogée au début du XVIIIe siècle et devient dès lors un fléau pour le Royaume autant que pour les États dépourvus. En 1710, les historiens estiment que les pirates représentent un contre-pouvoir suffisant pour influencer les élections des élus locaux. Les Surveillants des Mers sont mis en place à la fin du XVIIe siècle, mais ils sont rapidement éliminés par les grands vaisseaux pirates. Le Capitaine Xatros est responsable des plus grands pillages de l'Amérique latine à cette époque. Mais au début du XVIIIe siècle, ce sont les noms d'Alexander, Moraad et Lawn qui dominent. Les Capitaines Moraad et Lawn ont des accointances avec certains hauts dignitaires du Parlement et opèrent avec une certaine impunité. Kilstar III semble éviter de s'attaquer au problème et préfère se recentrer sur la politique intérieure, d'autant que les mages installés depuis des siècles dans le Désert du Centre font part de leur souhait de quitter le Royaume. Kilstar reconnaît officiellement l'indépendance de l'Union du Désert (future Union Libre) le 6 janvier 1726. Si les souverainistes critiquent vivement cette décision, la plupart des élus la soutiennent, reconnaissant la juste adaptation à une société de plus en plus souple. Les connaissances magiques rapportées par les pirates produisent un regain d'intérêt pour la religion lisandranne. Le Spiritum a presque disparu, et le cénoïsme poursuit son déclin. C'est le début d'une obsession pour les artefacts anciens, et les pirates sont souvent dépeints par les continentaux comme de courageux explorateurs, parfois même comparés au Roi Monkadius VIII. Cependant, la disparition du Capitaine Lawn et de son équipage en 1735 marque la fin du Temps des Pirates et, plus globalement, des grandes explorations maritimes. Il est temps pour les mages de se faire plus discrets à l'international, avec une population dépourvue toujours grandissante.
Crises de succession ( 1733 — 1760 )
Kilstar IV, portrait officiel, 1742
Kilstar III meurt accidentellement en 1733. Son fils, Kilstar IV, lui succède. Beaucoup de membres du Parlement questionnent la poursuite d'une succession par hérédité, mais la bourgeoisie comme la Noblesse restent très attachées aux valeurs souverainistes du rayonnement royal. Soucieux de ne pas compromettre leur influence grandissante, les parlementaires acceptent. Kilstar est considéré comme un Roi assez influençable sur les premières années de son règne. Il tente de relancer les grandes expéditions mages en 1758, mais s'abîme en mer l'année suivante. Son fils, trop jeune pour régner, est placé en régence. Le Parlement cherche alors à organiser de nouvelles élections, mais les souverainistes contestent vivement cette initiative. Ils soutiennent le frère cadet du Roi défunt, qui monte alors sur le trône en 1759 sous le nom de Kilstar V. Il fait enfermer son neveu de neuf ans et affiche, dès son discours d'investiture, sa volonté d'organiser un retour aux valeurs fortes de la monarchie : une lignée directe, un Parlement restreint, une hégémonie mage forte. Mais très vite, ses frasques intimes autant que sa mauvaise gestion du budget créent un fort mécontentement chez le peuple. Alors qu'il tente de renverser le Parlement en juin 1760, il est arrêté et destitué, ce qui est une première dans l'Histoire du Royaume. Emprisonné jusqu'à la fin de ses jours dans le Château de l'Est, résidence secondaire des Fareasiens, il mourra en captivité. Le Parlement négocie avec les souverainistes et met en place une monarchie constitutionnelle le 7 décembre 1760. Le fils de Kilstar IV, Hekno III, est couronné Roi et placé sous régence en attendant qu'il ait l'âge de gouverner.
Vers la Révolution Industrielle ( 1760 — 1900 )
Guerres du Sud et Révolution Culturelle ( 1798 — 1830 )
Aiyanna Abey, portrait d'Eozar de Fault, 1829
En 1796, la mage du peuple de l'Éveil Aiyanna Abey rejoint le Continent en tant que diplomate. Dotée d'un grand charisme et de connaissances magiques exceptionnelles, elle réforme d'abord l'Instruction à Dayahl. Puis, elle attise la curiosité du Parlement et est appelée plusieurs fois à donner de grandes conférences. En 1799, elle avertit le Roi Hekno III des tensions grandissantes en Europe de l'Ouest et dans les îles atlantiques mages telles que Ribaur. À la mort du Roi, son fils Monkadius X prend très au sérieux les avertissements d'Abey, et elle devient l'ambassadrice du Royaume des Mages. En juin 1804, un conflit éclate, alors que Ribaur tente d'envahir le Sud du Continent, détruisant le Palais parlementaire. Après un échec diplomatique, Abey mène l'armée royale dans une succession de batailles victorieuses. Elle devient en quelques années le symbole de la résistance Mage face aux invasions et à l'oppression. En 1808, elle devient Première ministre de Monkadius X et fait construire le Congrès, un peu plus éloigné des côtes.
Monkadius X, portrait officiel, 1830
Le règne de Monkadius X marque une ère de stabilité au sein du Royaume, mais également un intérêt croissant pour la culture européenne. La Révolution française marque les esprits, et la philosophie des Lumières se répand, notamment parmi les Lisandrains. Le Roi est fasciné par l'occultisme britannique et participe régulièrement à des séances de spiritisme. Roi poète et artiste, il finance la culture et permet l'essor des écoles d'art. Des figures telles que la musicienne Sasha Irminova, le peintre Eozar de Fault ou encore l'écrivain Cri Az Mir laissent une empreinte durable dans la mémoire collective du Royaume. Le Roi en personne commande à Eozar de Fault une série de peintures afin de relater l'Histoire du Royaume. Cet intérêt pour les arts se transmet à son fils, futur Monkadius XI, qui deviendra lui-même peintre. Le Roi est considéré comme une figure provocatrice, vivant en dépit des bonnes mœurs tout en conservant la noble stature de sa fonction. Les souverainistes ne se reconnaissent pas dans son règne, et il meurt empoisonné par la formule de Malacaï lors d'une grande fête de la Noblesse, le 14 décembre 1849. Les coupables ne sont jamais retrouvés.
Naissance de l'industrie et renforcement de l'autarcie ( 1830 — 1900 )
Monkadius XI, second portrait officiel, Eozar de Fault, 1858
Lorsque Monkadius XI monte sur le trône, il poursuit la révolution culturelle de son père, mais s'intéresse également à la Révolution industrielle européenne. Dès 1855, il finance des recherches sur les technologies dépourvues, et l'artillerie est rapidement modernisée. L'architecture change peu à peu, s'éloignant du classicisme du XVIIIe siècle pour entrer dans une ère plus grandiose, inspirée de la Russie des Tsars. Il doit mater les insurrections du Sud, dans des villes qui s'estiment délaissées depuis les dégâts causés par l'invasion de Ribaur. Roi prudent, il négocie de nombreux traités de discrétion avec les États voisins afin de garantir l'autarcie et la tranquillité du Continent. Il cesse peu à peu les missions hors des terres mages et recentre la politique vers l'intérieur du pays. Soucieux toutefois de ne pas perdre les apports culturels de l'Âge de l'Exploration, il lie des alliances politiques avec les familles mages étrangères. Il épouse Myriam d'Algérie, noble mage issue d'une vieille famille remontant jusqu'à la période mystique romaine. Sa vie est marquée par plusieurs tragédies, mais il relate toutefois dans ses mémoires la fierté qu'il éprouve dans sa vie maritale et son rôle de père, qu'il prend très à cœur. Roi artiste, ses toiles sont encore étudiées dans les écoles d'art de la République victorieuse, et certaines sont exposées au Musée du Congrès. En 1875, il s'intéresse de près à l'extraction de pétrole qui a lieu dans la Montagne Noire, au Consulat des Cinq. Mais la découverte du Varianor le pousse à faire marche arrière, le matériau instable ne pouvant être réellement contrôlé. Il lutte dès 1891 contre le trafic de Varianor, mais ne parvient pas à y mettre un terme de son vivant. Il s'éteint paisiblement le 9 mars 1900, entouré de sa famille. Son fils lui succède après une période de deuil de six jours. Il est considéré comme un Roi populaire parmi ses sujets.
Un Royaume Moderne ( 1900 — 1955 )
Le Roi Moderne ( 1900 — 1928 )
Photographie de Monkadius XII, défilé automobile dans la Capitale, 1935
Dès le début de son règne, Monkadius XII refuse le portrait peint et opte pour une photographie. Cet acte symbolique est le premier d'une transformation profonde et durable du Royaume. En 1900, 17 % de la population du Royaume possède l'électricité. Le Roi accélère la modernisation, commerce avec des entreprises privées et finance même des initiatives industrielles Mages. Il modernise les routes, les foyers et refaçonne la politique intérieure. La séparation des pouvoirs est actée le 11 mai 1920, et le Congrès dispose désormais du pouvoir administratif du Royaume. Le Roi conserve l'exécutif et le droit de veto sur les votes du Congrès. Traumatisé par les images de la Première Guerre mondiale, il accélère dès les années 1920 l'occidentalisation du Royaume, et notamment sa stratégie défensive. Le château de l'Est, réinvesti par Hekno III, est peu à peu délaissé, et le Roi habite essentiellement dans sa résidence du Congrès. Observant le retard technologique toujours conséquent du Royaume grâce à des rapports de missionnaires, il organise dès 1928 les Grands Chantiers, qui refaçonnent le paysage du Royaume.
Les Grands Chantiers ( 1928 — 1941 )
Tridons travaillant à la Capitale, illustration d'Alma d'Algérie, fille de Monkadius XII, 1931
Les Grands Chantiers voient l'arrivée de zones urbaines densément peuplées. Les premiers immeubles gratte-ciel sont construits et des milliers d'emplois sont ouverts. On estime qu'en 1937, 83 % de la Capitale possède l'électricité, contre 28 % neuf ans plus tôt. Les Mages aux Dons utiles participent à l'industrie, au réseau électrique, à la conception de routes et d'itinéraires sans danger. Pour la force de travail, ce sont essentiellement des Tridons qui s'occupent de la construction. La population est divisée quant à ces changements rapides et brutaux. L'Ouest et le Sud sont plutôt favorables, mais l'Est, plus proche du château, est habité par des membres de la Haute Noblesse, beaucoup plus souverainistes. Ils croient en l'exception Mage, là où Monkadius met en garde la population contre la stagnation technologique « à l'ère de l'aviation » (propos du Roi). Le Roi a pour habitude de lire les journaux internationaux tous les matins, en plus du Journal Royal. Dès la fin des années 1930, il sent le vent tourner en Europe et cesse les échanges avec le Vieux Continent. Il s'engage dans la Seconde Guerre mondiale afin de lutter, secrètement, contre les branches occultes du régime nazi. Il est aujourd'hui admis que l'engagement du Royaume dans la guerre aura permis de ne pas mêler la Magie et les artefacts anciens au conflit.
Déclin du Royaume ( 1945 — 1955 )
Tensions souverainistes et progressistes ( 1945 — 1954 )
Tarsking Ier, peinture officielle, 1945
À la mort de Monkadius XII, son fils Tarsking Ier hérite du trône. Bien plus souverainiste que son père, il tente d'amorcer un virage en arrière sur certaines mesures et de réaffirmer l'autorité royale. Il se heurte cependant bien vite au Congrès. Il tente de rallier le soutien des pays voisins, mais la Province suit peu à peu l'exemple de Monkadius II et le Consulat reste résolument neutre. L'Est du Royaume lui est favorable, la Noblesse souhaitant retrouver le pouvoir qu'elle a nettement perdu en un siècle. Tarsking est la cible de nombreux penseurs modernes. Les journaux le titrent parfois dès 1948 : le Roi ne s'entend pas avec son Haut Fonctionnaire au Congrès, Josnian Heno. Il met un terme aux Grands Chantiers, ce qui soulage les zones rurales ayant échappé aux transformations, mais déplaît à une grande partie de la population, qui vivait alors le plein emploi.
Guerre contre l'Empire Dakkan ( 1954 — 1955 )
Shafed Al Met, Sahara, photographie de 1947
Dès 1951, l'archéologue de renom Shafed Al Met, à qui l'on doit la découverte du tombeau de Dakkan et des orbes de connaissance, fédère des partisans. Il se voit comme l'héritier spirituel de Dakkan et, traumatisé par les images de la Seconde Guerre mondiale (notamment la bombe atomique), il devient convaincu que les Mages doivent reprendre le contrôle du monde. Il fédère des Mages à travers le monde, d'abord en Égypte, où il entreprend des recherches sur des artefacts anciens. Il crée dès 1953 un édifice d'instruction magique sectaire en Écosse. Il attire la sympathie des hégémonistes Mages à travers le monde et prophétise un conflit à venir entre Mages et Dépourvus. Dès 1954, Josnian Heno charge un groupe d'espions d'enquêter sur les activités de Shafed. Les choses s'enveniment lorsque Shafed réunit assez de partisans pour créer une force armée de poids. Il se proclame Dakkan II, Empereur des Mages, et attaque dès lors le Continent. S'il investit Tibae temporairement, c'est à Dayahl qu'il lance sa première offensive majeure, convaincu que le Temple est un lieu pivot pour asseoir sa domination culturelle et stratégique. Il échoue et marche alors vers le Congrès. Mais l'Armée du Congrès, fraîchement créée par le Général Heno, le rencontre dans le Bois d'Alos et livre une bataille qui met un terme à l'expansion ennemie. Shafed est tué, et la popularité de Tarsking, accusé de complicité avec les soutiens de Shafed, n'a jamais été aussi basse. Les élus font pression et, après plusieurs décennies de mutations politiques, le Royaume Ancien prend fin le 16 octobre 1955.
République du Congrès ( 1955 — aujourd'hui )
Le nouveau régime ( 1955 — 1969 )
Josnian Heno, Premier Président de la République du Congrès, photographie officielle, 1955
Le 16 octobre 1955 marque le début de la République du Congrès, régime politique contemporain, et la dernière scission en date du Continent. Josnian Heno, premier président, met en place les quinquennats et poursuit la politique moderne de Monkadius II. Les transformations politiques et sociales sont majeures. L'égalité homme-femme est légalement totale dès 1956, et la Police Spéciale devient une force de protection majeure au sein de l'État. Tarsking Ier conserve l'Est du Continent, royaliste, dans ce qui deviendra le Nouveau Royaume du Continent, ou Royaume de Tarsking (puis, plus tard, de Tanek et enfin d'Estray). La République devient un État totalement occidentalisé dès 1963, tandis que le Royaume de Tarsking bannit progressivement toute forme de technologie Dépourvue et maintient son rayonnement grâce à l'action des Ensorceleurs recrutés à la défaite de l'Empire Dakkan.
Contestations sociales ( 1969 — 1974 )
Grand rassemblement de la Paix, été 1972
Les années 1960 voient arriver de nombreux changements sur le Continent. La voiture est démocratisée, notamment grâce au prototype de limousine transformable d'Allan Kellnack, et les Mages ont accès aux informations du reste du monde. Si l'État tente de s'adapter, les présidents ne sont pas tous lucides quant aux besoins de la population. Dès 1969, un grand mouvement de contestations sociales débute. De nombreuses communautés estiment qu'il n'est plus temps du savoir archaïque, des religions d'antan et de la suprématie Mage. Dayahl est boycotté, malgré les efforts du Directeur pour moderniser l'enseignement, et des groupuscules alternatifs germent un peu partout. Mais ce mouvement, inspiré par les hippies, finit par se dissoudre à cause de l'émergence de sectes Mages, qui vivent en autarcie et abusent de leurs adeptes. À la mort de quatre cents personnes le 8 août 1974, le Président James Ravling revient sur les lois de sa prédécesseure Brigitte Arnostoff et fait interdire les communautés marginales qui sévissent au Sud. La population est favorable à la décision du Président, refroidie par le massacre. Peu à peu, les contestations mutent vers des sujets plus politiques. Dès 1981, les syndicats se forment et le Parti des Bâtisseurs écrit un manifeste inspiré de la lutte des classes.
Lutte des classes et autarcie ( 1981 — aujourd'hui )
Photographie du Pacte de Non-agression Continentale, 2002, Présidente Monica Reola, Roi Tanek
Les années 1980 et 1990 voient la tenue de nombreuses grèves afin d'obtenir de meilleures conditions de travail pour les Mages les moins aisés. C'est aussi une période qui fait suite à une guerre d'influence entre le Royaume, traditionaliste, et la République, progressiste. Des tensions entre le roi Tarsking II et les présidents successifs effraient la population et génèrent de vives contestations. « On ne veut plus de vos guerres » est le slogan scandé par Ludovic Rondat, syndicaliste, lors de la grande manifestation de 1986. Le Continent s'isole de plus en plus d'un monde en proie à une mondialisation très rapide, soucieux de préserver sa discrétion. Les tensions entre la République et le Royaume s'apaisent avec Tarsking III et, le 20 juin 2002, la Présidente Monica Reola signe le Pacte de Non-agression Continentale avec le Roi Tanek. Ceci marque le point de suspension de l'Histoire des Mages, qui se poursuit à ce jour...